Il m’est difficile de parler objectivement de David Rosane
et de sa musique. David, je le suis depuis presque trente ans. Et quand
j’emploie le verbe suivre, verbe transitif direct du 3e groupe, c’est
un choix particulièrement réfléchi. Parce que je l’aime, j’ai décidé de
« suivre » David, mon aventurier préféré, dans toutes ses péripéties,
conquêtes et expéditions. Le verbe suivre désignant ici le fait
d’approuver et de soutenir quelqu’un dans son action. J’avoue
honteusement et par comparaison, ma peur de la prise de risque et mon
conformisme petit bourgeois typiquement parisien.
Américain d’origine, il a préféré la Vie (avec un v majuscule) à
l’inertie académique, il s’est donc construit (et éduqué) sur le
terrain, à la rencontre de ses passions. Il est devenu cet homme d’une
incroyable complexité. David Rosane est (entre autres)
journaliste, écrivain, agriculteur, ambassadeur, cuisinier,
universitaire, formateur, ornithologue… Mais aussi activiste et
musicien. Il est donc difficile de le résumer. Chacune de ses facettes
forment un tout, multiple et passionnant, qui lui permet, au final,
d’écrire et d’interpréter de très belles chansons accessibles au plus
grand nombre… Paradoxalement pour notre plaisir personnel et égoïste. Le
Book of Zoo en est la vivante démonstration. Au final,
même si ce n’est que de la musique, celle de David fait partie
intégralement de ce qu’il est, elle n’est donc pas à prendre à la
légère.
Notons qu’aimer David n’est pas qu’un suivi, c’est aussi un combat.
Il faut savoir lui répondre lors de débats endiablés et argumenter si
possible intelligemment (malheureusement, souvent en anglais). Je
reconnais mes limites quant au Disputatio qu’il pratique avec maestria.
Je ne fais pas le poids. Il faut aussi désamorcer ses défenses
naturelles et passer pardessus sa timidité (qui peut être prise pour de
l’arrogance). Mais c’est juste une vague similitude car, dépassé tous
ces obstacles, il nous reste le David, mélange d’intelligence, de
gentillesse, d’écoute et de générosité. Cette générosité je l’ai
retrouvé aussi à l’écoute de ce « Livre du Zoo ».
Au départ, nous avions tous rêvé pour lui d’une réussite musicale
proche de l’image d’Épinal. Nous, j’entends son fan club. Moi surtout,
quand, il y a 10 ans, je lui ai demandé de reprendre sa guitare (cette
incitation est aujourd’hui ma fierté). Top 50, coke et groupies, pognon,
sexe et gros seins, passage à Taratata en duo avec Julien Doré et pour
finir la couverture de Rock & folk. Mais c’est sans compter sur ce
qu’il l’anime vraiment, l’intime nécessité de communiquer et de faire
« gagner » ses idées. Car David est un homme qui choisit sa voie et ses
combats. Personne ne décide à sa place, il en va de même avec sa
musique. Une fois encore, David est un activiste. David se bat pour ses
idées et s’en est presque fatiguant tant son énergie demeure constante
et intacte au fil du temps. Croire dans le possible des révolutions est,
chez lui, le symptôme d’un optimisme inattendu à l’écoute de ses
chansons les plus tristes. David est un vrai optimiste qui trouvera un
moyen de sauver ce que nous sommes et ce qui nous entoure : la Terre, le
règne Animal, la Nature et les Éléments et plus généralement notre
humanité. Une autre qualité que j’admire (aussi) chez lui et que l’on
retrouve aussi dans ses chansons. Cette ambition sans limite est
magnifiquement impossible. Moi, je me bats plus volontiers pour le juste
remboursement de mes notes de frais en fin de mois.
Non, David ne sera jamais une pop star. Une
fois cette absence de folklore rock and roll acceptée et dépassée, il
me reste ce nouvel album et les messages qu’il nous transmet. En tant
que français de souche, il m’est parfois difficile de rentrer dans les
nuances de ses mots en anglais. Souvent, une explication de texte
s’impose. Cet assemblage de 14 chansons ne déroge pas à cette vieille
habitude car il est constitué d’une multitude de nuances qu’il me faudra
décrypter pour me rapprocher un peu plus du cœur de sa compréhension.
Pour ce 9e album, j’ai cependant l’impression que son vocabulaire s’est
simplifié sans perdre de sa complexité polysémique, un terme savant qui
fait bien et que je sors de temps en temps.
Chaque nouvelle chanson de David participe à un ensemble bien plus
vaste (j’ai presque envie de parler d’un « corpus » pour faire à la
façon d’un critique musicale aux Inrockuptibles) qui nous apparaîtra
comme un tout, bien au-delà de ce Book of Zoo… Si nous
tenons jusque-là, à la fin de l’Histoire. A n’en pas douter, David
construit une œuvre et le Temps nous en fera la démonstration. J’espère
simplement la partager (cette œuvre), dès aujourd’hui, avec le plus
grand nombre. Car David mérite d’être écouté et plutôt de son vivant, si
possible.
Dans le Book of Zoo, sa dernière aventure musicale,
David a laissé de côté ses vieux démons alternatifs (forcément datés)
pour se concentrer sur ce qui me touche et semble être l’essentiel : ses
chansons. Le reste, en vérité, on n’en a rien à branler. Ces 14 titres
pourront être joués au ukulélé ou par un orchestre symphonique. Elles
garderont leur intégrité et leur beauté. Voici donc 14 morceaux en
anglais, enregistrés aux USA, là d’où il vient (aussi). Même si par bien
des côtés, David est le plus français de tous nos résidents américains.
Je le sais parce que je l’ai vu refaire le Monde à grands coups de
ballons de rouge, accroché au comptoir d’un café, empruntant
parfaitement l’accent parisien.
Une instrumentation claire et précise, des guitares qui ne se cachent
pas derrière de la distorsion, une voix simple et chaude mise en avant.
Un timbre particulier que je reconnaîtrai entre 1000. Et surtout ses
mélodies. Celles qui me font remercier de compter David parmi mes amis.
Celles que je fais écouter – en soirée - en soulignant mon lien de
parenté avec cet étrange leader des Zookeepers qui me
parle en anglais mais à qui je réponds en français. Car, oui, David est
mon filleul et même si nous ne croyons pas vraiment en Dieu en tant
qu’entité barbue et bienveillante, nous savons tous les deux que ce que
nous avons créé nous survivra. C’est là le seul vrai miracle chrétien.
Survivront donc, nos enfants, ces chansons, quelques mots bien choisis
et peut-être un bout de nos rêves passés, présents et futurs.
D’ailleurs, «Dans les mots des chansons (…) Je te survivrai » a prédit Didier Barbelivien dans le fameux « Je te survivrai » interprétée par Jean-Pierre François.
Dès la première écoute, certains titres se sont spontanément alignés
avec mes goûts et ma grammaire musicale : réverb des grands espaces,
chœurs de filles qui réveillent la libido, arpèges pop, arrangements
légèrement datés, voix tremblante et émue de celui qui intériorise quand
il chante. Alors, par facilité, j’aurais pu citer 2 ou 3 références
musicales universelles, pour contextualiser ce nouvel album des
Zookeepers et provoquer plus rapidement l’adhésion. J’ai d’abord pensé à
Dion DiMucci (période Folk Blues) ou même à Richie Havens (sur son
premier album « Mixed bags »), mais les deux sont franchement loin.
Finalement, rien ni personne ne me vient à l’esprit. Ce dernier disque
ressemble donc à un très bon disque de David Rosane & les Zookeepers.
Notons, au passage, une petite particularité de la tracklist du Book of Zoo,
certaines de ces nouvelles chansons nécessitent de vivre avec. Ce sont
d’ailleurs celles-ci qui sont en train de me changer. Car toutes les
bonnes chansons me transforment et redéfinissent le monde qui m’entoure.
C’est comme ça que je sais qu’elles sont bonnes. Seuls regrets mais qui
n’engagent que moi, une joliesse et une sophistication sonore, à mon
sens, inutile. En vérité, je rêve toujours d’un David planté derrière le
micro tête de mort (un Shure 5575 LE) des studios Sun à Memphis. Le
linoleum sous ses Palladium, debout dans ces 20 mètres carrés quasi vide
et désaffectés. L’ombre des « grands » du blues et du rockabilly lui
donnerait un relief total : l’authenticité fondatrice des pionniers. Je
rêve d’un David sans son sempiternel galurin (qui a tendance à lui faire
de l’ombre), direct et brut de décoffrage. C’est peut-être la naissance
d’un nouveau projet de crowdfounding ou d’une pétition en ligne,
contestation oblige. Rien n’est perdu à ce niveau et peut-être qu’un
jour…
Dans cet album, David s’imagine cow-boy sur le retour et se pose les
questions de ceux qui font le bilan : « WTF (went wong) ? ». A quel
moment ça a merdé ? Il se promène parfois dans cette ville polluée mais
qu’on aime quand même. Il redevient cet enfant qu’il n’a jamais cessé
d’être, cet amoureux professionnel qui n’a de cesse de retomber
(amoureux), cet homme qui préfère en finir, cet autre homme qui se bat
au quotidien et qui redoute le jugement divin. Cet homme, aussi, touché
par la Beauté et la complexité de l’Univers et qui de ce fait ne peut
que croire en Dieu ! Car comme disait Einstein : « Dieu ne joue pas aux
dés ». Bref, David (dans ses chansons) est un peu schizophrène et nous
dévoile des bouts de son intimité et de ses paysages intérieurs, de ses
angoisses, de sa complexité, de sa poésie et de ses rêves. Plein
d’autres choses encore, des nuances que je vous laisse découvrir par
vous-même - pour peu que ce long texte vous en ait donné l’envie - et
que vous soyez parvenu jusqu’à cette conclusion en forme de prédiction :
Vous lirez dans le « Book of Zoo » comme dans un livre ouvert car cet album de DavId Rosane et les Zookeepers est un très bon livre, beau et accessible à tous. Il suffit de l'écouter pour l'entendre.
Boulogne, Mai 2018
PS : Vous pourrez écouter et acheter en précommande « Book Of Zoo » de David Rosane & The Zookeepers ici-même. Tous les bénéfices seront reversés au profit des bibliothèques publiques du Vermont. David et ses Zookeepers,
pour soutenir activement cet accès au savoir par le plus grand nombre,
seront en tournée tout l’été dans ces dites bibliothèques. Si le sujet
vous intéresse et si vous passez par le Vermont, vous trouverez, sur
leur profil Bandcamp, du groupe tous les détails !
OFFICIAL BIOGRAPHY of ZOO
The Zookeepers are a multinational collective of musical heavy
hitters in full flagrant creative collaboration with Post-Punk Power and
Protest rocker David Rosane, who also has a gentle side. Dave used to
work as a full-time native american activist and field biologist in
South America. Core Zookeepers are Bradford, Vermont-based Indie
Jazz-wave duo Don Sinclair and Jennifer Grossi, both community activists
and music teachers by day.
Zookeeper music might be best described as INDEPENDENT folk rock with
a post-punk Americana bent, particles of Goth & a glaze of Pop.
Influences include, off the cuff, Joy Division, Echo and the Bunnymen,
Bob Mould, ABBA, Neil Diamond, Jazz stuff that Don listens to, The
Velvet Underground, The Doors, Nick Cave, almost anything from Mo-Town,
The Gun Club, Neil Young, the Boss and yes, even the Rolling fucking
Stones.
CONTACT: DavidRosane@gmail.com
*This is Dave's 9th album as a singer-songwriter/band member:
Previous work:
Milk & Alcohol - as Stereo Child (reissue forthcoming)
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Photo Fabrice Plas