J'ai déjà longuement parlé de Raff via leur premier single sorti en 1984. Deux ans après (et après un premier long) le groupe sort "Six Balles... Pour Un Colt !" son 2e long... Le groupe a pris de la bouteille et, sans doute, beaucoup joué... Ça s'entend. Voici un premier extrait !
Balance Ton Slip
Voici l'autre face du flexi des Closh, le très expressif "Balance Ton Slip". Un vrai "statement" quasi politique !
Un peu de punk agricole
Voici un nouvel extrait de l'album des Stillers sorti en 1982, voici "Jeannot Merde" avec poules et tracteur en introduction.
Flo, 2e extrait
2e extrait du maxi "P'tit Mec" de Flo sorti en 1984, voici "Sang Mélé" et sa guitare (comme je les aime). Bon, par contre, la basse... Hum.
Les Closh, le premier flexi
À la demande générale et plus particulièrement du fait d'un gentil lecteur qui m'a contacté, voici le premier single/flexi des Closh, initialement inclus dans l'album "Paris Skouille-t-il ?" sorti chez les Humanoïdes en 1981. Le son et les compos sont un peu "bruts" de décoff' mais gardent une petite touche varietoch' du meilleur effet. Pour ceux qui n'ont pas suivi, j'ai déjà parlé ici-même des Closh !
Le retour de Flo
Dans la grande galaxie des groupes français des années 80 qui n’ont laissé que quelques sillons pour prouver leur existence, Flo fait partie de ces formations intrigantes, actives mais aujourd’hui presque invisibles. On sait peu de choses sur eux, si ce n’est qu’entre 1984 et 1988, ils ont tout de même réussi à publier trois 45 tours et deux maxi, ce qui n’est pas rien pour un groupe totalement absent des radars actuels.
J’avais déjà partagé ici leur single « De l’Autre Côté » — un 45 tours de 1984 qui donnait déjà une bonne idée du style du groupe : un rock français aux contours new wave, tendu mais mélodique, qui sonne très “milieu des 80’s” sans tomber dans les clichés de l’époque.
Le disque que je propose aujourd’hui est leur tout premier maxi, P’tit Mec, également sorti en 1984. Édité sur Spalax, il contient quatre titres oscillant entre rock alternatif, post-punk adouci et chanson nerveuse. Un disque typiquement “indé français”, comme on en croisait beaucoup à l’époque : autoproduit ou presque, distribution incertaine, ambitions modestes mais vraie sincérité dans les compositions.
Comme souvent avec ces groupes oubliés, Flo n’a laissé aucune trace biographique : pas de photos, pas de ligne-up, pas de dates de concerts, rien dans la presse de l’époque. Juste ces quelques disques épars, qui racontent à eux seuls tout ce qu’il reste du groupe. Un projet discret, mais suffisamment convaincant pour mériter d’être sauvé de l’oubli.
La démo de l'enfer
Grâce au camarade Yannick, j'ai pu récupérer une jolie collection de photos. Aujourd'hui, une sélection pris lors de l'enregistrement de la 2e démo des Monkey Business chez Amadeus à Bagnolet dans les années 90. L'ambiance est lourde (ça se voit), nous sommes en fin de course... Pour autant nous essayons de trouver un second souffle grâce à ces 3 nouvelles chansons. Pour ma part, on me somme de "muscler" mon jeu. Pour l'occasion et pour être plus "rock", j'ai sorti ma Gibson. Pour autant, je ne fais que "tricoter" car je n'ai rien à jouer, pas un début de riff malgré nos longues heures de répétitions. Au mixage, je suis derrière... Loin, très loin et franchement ça n'est pas plus mal. En fait, je n'aime pas ce que l'on joue. Et ça se voit aussi...
Paris
Voici l'autre face de l'unique single des Fist portugais. Le très bon "Paris" et son riff de guitare paresseux...
Human Life
Voici la face B du single d'Another Dream sorti en 1982 ! Une seconde très bonne chanson...
The Jam
Je ne sais plus trop quel âge j’avais quand le fils de mes voisins — un grand gars un peu mystérieux avec un blouson trop large et une passion pour les groupes anglais — m’a prêté All Mod Cons. J’étais gamin, encore loin d’avoir les oreilles pour comprendre ce disque. Je me souviens surtout d’un sentiment diffus : c’était trop propre pour être punk, trop nerveux pour être pop, trop anglais pour moi. J’ai dû le rendre en disant un truc du genre « merci, mais j’ai pas trop accroché ». Lui n’a pas insisté. Les années ont passé : il est devenu douanier, ce qui à bien y réfléchir n’est pas si éloigné de l’univers hyper cadré des Mods. De mon côté, j’ai finalement réécouté The Jam, et j’ai compris ce que je n’avais pas perçu à l’époque.
The Jam, ce n’est pas vraiment un groupe punk, même si la chronologie les y a collés. C’est un groupe qui arrive au bon moment, en 1977, mais qui regarde en réalité dans le rétroviseur : des mélodies héritées des Kinks, des coups de sang façon Who, un dandysme de banlieue anglaise qui tranche avec le nihilisme ambiant. Paul Weller semble déjà avoir tout en tête, écrivant des chansons qui parlent du quotidien, des injustices sociales, des transports londoniens, des rêves minuscules d’une génération coincée entre les restes de l’Empire et la grisaille économique. Les Jam avaient cette élégance sèche, ce nerveux chiffré, ces guitares qui serrent la mâchoire, cette manière de chanter comme si chaque mot pouvait changer quelque chose.
Revenir à All Mod Cons aujourd’hui, c’est comprendre que ce disque marque un basculement : après deux premiers albums un peu trop pressés, celui-ci pose enfin le style du groupe. On y sent le soin, le songwriting plus fin, les textes qui racontent des vies modestes avec une précision presque documentaire. C’est sans doute ce qui m’avait échappé ado. Il faut parfois vieillir un peu pour comprendre que la retenue peut être plus violente que l’excès.
Et puis il y a leur énergie live, beaucoup plus brute que ce qu’enregistre leur discographie. Une bonne porte d’entrée reste leur reprise de Curtis Mayfield, Move On Up. Sur scène, ils en font une version tendue, presque fébrile, comme si l’élan soul de Mayfield se transformait en course contre la montre. Le morceau garde sa dimension positive, son côté « avance, continue, dépasse-toi », mais The Jam l’étirent, l’électrifient et le transforment en machine à lever les foules. On y entend ce qu’ils ont toujours été : une collision entre élégance, urgence et tradition.
Je n’ai jamais recroisé le fils de mes voisins. Je me demande ce qu’il penserait aujourd’hui de me voir écrire sur ce disque qu’il m’avait prêté trop tôt. Peut-être hausserait-il les épaules, en douanier pragmatique. Peut-être dirait-il que The Jam, c’est comme beaucoup de bonnes choses : ça demande juste un peu de maturité. Je lui donnerais raison.
Fist
Parfois, en fouillant dans les discographies oubliées, on tombe sur des disques qui semblent n’avoir laissé aucune trace – ou presque. C’est exactement le cas de Fist, un groupe portugais dont on ne sait quasiment rien, si ce n’est qu’il a publié un unique 45 tours en 1982, intitulé Movies / Paris.
Ce single, référencé comme une sortie locale, contient deux morceaux oscillant entre rock, post-punk et une touche pop un peu bancale. Une sorte de “curiosité parfaite” : assez aboutie pour intriguer, assez maladroite pour sentir le local, le bricolé, le sincère. On imagine bien un petit studio de Lisbonne, quelques amis de passage, et un pressage minime qui a vite disparu dans les limbes.
Malgré une plongée dans les archives et la presse musicale de l’époque, impossible de retrouver une interview, un concert, un fanzine, un nom de musicien, ou même un lieu d’enregistrement. Rien. Et encore une fois, comme c’est souvent le cas avec ces productions hyper-locales, on n’a trouvé aucune information solide sur le groupe. Rien dans les fanzines numérisés, rien dans les chroniques, rien dans les bases portugaises hors Discogs. C’est comme si Fist avait existé juste le temps d’enregistrer ces deux titres… Puis plus rien.
C’est peut-être ce qui rend ce 45 tours encore plus attachant : c’est un objet orphelin, sorti d’un groupe qui semble n’avoir existé qu’un instant, le temps de graver deux titres sur vinyle et de disparaître. Parmi les centaines de projets éphémères de cette période, Fist représente à merveille ces petites météorites musicales, celles qui n’ont jamais vraiment percé mais qui méritent d’être sauvées de l’oubli.
En attendant d’en savoir plus – un nom, un visage, un flyer, un fanzine, n’importe quoi – Fist reste un joli mystère. Et Movies un morceau qui tourne encore sur les platines de quelques passionnés prêts à tendre l’oreille vers les fantômes.
Si quelqu’un possède des infos, des souvenirs ou même une pochette annotée, je suis évidemment preneur. Les fantômes ne demandent qu’à parler… Ou au moins à laisser une trace.
Meet Antimit
En août 1980, je pars en voyage linguistique à Los Angeles. J’ai 16 ans et je me retrouve catapulté en plein Venice, chez une jeune femme, Ellen, qui a deux enfants à peine plus jeunes que moi. Elle est comptable et bosse pour Frank Zappa et Nina Hagen. Niveau musique, elle est plus que branchée — et je plonge avec bonheur dans sa collection de vinyles (mélange de nouveautés du moment et d’oldies bien senties). Avec elle, j’assiste à mes premiers concerts de rock, tout seul comme un grand (sans papa ni maman). Je découvre le punk avec X et la new wave avec Devo. On peut dire qu’elle m’a éduqué : beaucoup de mes goûts actuels viennent directement de ce séjour qui, soyons honnête, a changé ma vie. C’est aussi grâce à elle que je parle anglais. Je luis dois donc beaucoup...
L’année suivante, après le bac, je retourne à Los Angeles pour les vacances. Ellen a déménagé mais Leroy, un de ses amis, m’accueille à son tour. Je ne l’ai malheureusement jamais revue — elle nous a quitté depuis. Pour le numéro spécial vacances d’Antimit (N°17 - Juillet Août 1981), j’écris alors ce long article. Le style est un poil ampoulé et très emprunté (on était fans de Rock & Folk, du Cheap Thriller, des dessins de Serge Clerc, etc.) mais il est habité par ces premières secousses musicales. Pour ma part, je trouve ça très émouvant. Voici donc ce fragment vintage de mes aventures éditoriales adolescentes. Ça s’appelle « 5 nuits californiennes ». Bonne lecture… et indulgence recommandée.
L'autre face de Sun Rock
Voici l'autre face du single des Sun Rock sorti en 1981 et qui illustre une certaine constance dans leur choix de titre de chanson.
Another Dream
Another Dream fait partie de ces groupes britanniques dont il ne reste presque rien, sinon un unique 7 pouces et quelques traces disséminées dans la mémoire des collectionneurs. Sorti en 1982 sur The Sticky Label, un micro-label lui aussi largement oublié, leur single Forever In Darkness est un parfait témoin de cette période où la new-wave et le post-punk continuaient de se diffuser dans tout le Royaume-Uni, souvent loin des circuits établis. Le disque, référencé Peel-Off 2, contient deux morceaux, la face A éponyme et “Human Life” en face B. L’objet lui-même, aujourd’hui assez rare, circule encore de main en main, accompagné parfois d’une petite feuille intérieure qui confirme le line-up : Neal Cook au chant, Dave Atherton à la guitare, Pete Morton à la basse et Gary Morton à la batterie.
Ce qui frappe, lorsqu’on écoute Forever In Darkness, c’est cette façon très locale mais très typée de s’inscrire dans le son de 1982 : une mélodie sombre, une basse ronde mais en avant, une guitare un peu nerveuse, et cette production dépouillée qui évoque aussitôt les studios modestes, les sessions rapides, les moyens limités mais l’envie intacte. F.S.R. Studios, où le groupe a enregistré et mixé, n’est pas resté dans les annales, mais il suffit d’une écoute pour comprendre le contexte : un moment où la scène indépendante britannique produisait chaque semaine des disques faits avec trois bouts de ficelle et beaucoup de conviction.
Les rares mentions du groupe situent Another Dream du côté de Wolverhampton, et certaines sources amateurs suggèrent que Neal Cook et Dave Atherton auraient ensuite rejoint The Wild Flowers, autre formation post-punk de la région. Impossible pour l’instant d’en être certain faute d’interviews ou d’archives plus solides, mais les trajectoires musicales de l’époque étaient suffisamment mouvantes pour que l’hypothèse tienne debout. En tout cas, aucune interview connue, aucune apparition répertoriée dans la presse nationale, aucun passage radio. Comme beaucoup d’autres, Another Dream semble avoir existé brièvement, juste assez pour presser un single, jouer quelques concerts probablement perdus dans la nuit des pubs locaux, puis disparaître.
C’est précisément ce qui rend ce disque si fascinant. Non pas qu’il annonce une révolution, mais parce qu’il capture un fragment entier d’époque : les ambitions modestes, l’énergie brute, l’économie totale de moyens et la sincérité volontaire ou involontaire d’un groupe qui ne soupçonnait probablement pas qu’un jour, plusieurs décennies plus tard, quelques passionnés se mettraient à sa recherche. Forever In Darkness n’est pas un classique oublié, mais c’est un vrai morceau d’histoire parallèle, et c’est exactement pour cela qu’il a sa place ici. Comme tant d’autres témoins minuscules mais précieux de la scène indépendante des années quatre-vingt, il rappelle qu’une grande partie de l’aventure musicale de cette décennie s’est écrite en marge, loin des magazines, via des 45 tours tirés en petite quantité et qui, parfois, surgissent encore aujourd’hui comme des fantômes bienvenus. En tous cas, cela faisait un moment que je n'avais rien publié dans cette veine new-wave british que l'on aime tant (pas très loin des Chaméléons) !
Out Of Limits
Dernière sélection provenant du single 4 titres des Beatles Costello voici une cover du classique surf des magnifiques Marketts constitué de requins de studio (dont le drummer Hal Blaine).
Theme From A Summer Place
Pour tous les amateurs d'easy-listening ce "Theme From A Summer Place" est un passage obligé et un énorme tube pour Percy Faith. Bien sûr, il existe des centaines de cover de ce tube inoxydable dont cette jolie version des Beatles Costello.
Sunrock ou Sun Rock ?
En 1981, un groupe belge du nom de Sun Rock publie un 45 tours intitulé Backstage Lady sur le label Mark Records. Une production typique de cette scène rock un peu marginale de l’époque : tirage limité, diffusion confidentielle, mais un certain soin dans la composition et la mise en son. La face B, Motion Picture Queen, renforce l’idée d’un groupe à la croisée du rock FM et de la pop européenne, avec un accent anglophone très appliqué et une énergie qui évoque davantage les clubs bruxellois que les stades américains.
En fouillant un peu, on découvre que Sun Rock n’en était pas à son coup d’essai. Cinq ans plus tôt, en 1976, un single signé Sunrock (en un seul mot cette fois) paraît sur le label Oregon Records : Afternoon Breakdown couplé à Rodeo Round-Up. Même si rien ne prouve formellement qu’il s’agisse du même groupe, les indices concordent : origine belge, orientation rock, goût pour les titres en anglais et production locale. Le disque de 1976, aujourd’hui pratiquement introuvable, est référencé dans quelques bases de collectionneurs, et une poignée d’exemplaires circulent encore parmi les amateurs de raretés pressées en Belgique à cette période.
Aucune trace d’interviews, de concerts, ni même de coupures de presse n’a refait surface pour l’instant. Les archives belges de la RTBF ou de la Sonuma n’en conservent pas de mention connue, et les fanzines des années soixante-dix – Graf Zine, Etcetera ou Rock-News – ne semblent pas l’avoir chroniqué. Reste donc ce qu’on peut entendre : deux 45 tours, espacés de cinq années, qui témoignent de la vitalité d’une scène rock belge souvent oubliée, où l’on croisait des musiciens anglophiles, bricoleurs et ambitieux, enregistrant leurs morceaux dans de petits studios de Bruxelles ou de Liège avant de disparaître sans laisser d’adresse.
Sun Rock, ou Sunrock – peu importe au fond la graphie – appartient à cette catégorie d’ombres sonores qui peuplent la discographie belge des seventies et early eighties. Des groupes qui n’ont jamais connu la postérité mais dont les disques, ressortis des bacs ou exhumés sur Discogs, racontent à leur manière l’histoire souterraine du rock en Belgique.
Vénézuela Cha-Cha
Voici l'autre face du single de Strani Cocktail sorti en 1982. Un "Vénézuela Cha-cha" à la ligne mélodique plutôt étrange.
I Feel Fine
Voici une version instrumentale de "I Feel Fine" des Beatles par les Beatles Costello... Une bonne façon de justifier un tel patronyme ! Le résultat est plutôt sympa...
Avant Strani Cocktail, Nausea...
Pour donner un peu de contexte, voici la formation pré-Strani Cocktail : Nausea. On y trouve presque la même équipe et une communauté d'influences et de références musicales... Le son est un peu plus roots mais ne manque pas d'intérêt !
Strani Cocktail
Strani Cocktail est un projet musical avant-gardiste belge basé à Bruxelles, actif au début des années 1980. Le groupe est parfois associé à l’alias Nausea et reste aujourd’hui relativement méconnu, avec très peu de documentation disponible. Parmi les membres cités, on retrouve Giorgio Serafini, parfois mentionné sous le nom de Giorgio Benton et Paolo Snaporaz, qui ont contribué à définir l’identité sonore unique du projet. Leur musique s’inscrit dans une veine synth-pop et cold-wave, explorant des sonorités expérimentales qui reflétaient l’esprit avant-gardiste de la scène bruxelloise de l’époque.
La discographie connue de Strani Cocktail est très limitée (2 45tours et 1 maxi en 1982 et 1983). L’alias Nausea est également parfois mentionné dans les crédits, ce qui suggère que Strani Cocktail n’était pas un projet figé mais plutôt un espace de collaboration autour de sons expérimentaux et de compositions électroniques. Bien que le groupe soit difficile à retracer dans les archives, chaque sortie reflète une volonté d’explorer des territoires musicaux hors des sentiers battus, caractéristique des projets avant-gardistes de cette période.
Strani Cocktail reste ainsi un exemple fascinant de la créativité et de l’expérimentation qui animaient la scène musicale belge au début des années 1980, un projet énigmatique mais passionnant pour quiconque s’intéresse aux traces oubliées de l’avant-garde musicale européenne. Voici la première face de leur premier single...
The Beatles Costello
En 1978, un 33 tours 17 cm au titre improbable, Washing The Defectives, sort sur le petit label Pious Records (référence JP 310). Sur la pochette figure le nom d’un groupe tout aussi étrange : The Beatles Costello. Tout laisse penser à une plaisanterie de musiciens en roue libre, et c’est sans doute bien ce que c’était. Le nom, contraction ironique entre les Beatles et Elvis Costello (qui est alors à la pointe de la branchitude), annonce la couleur : un projet parodique, un jeu de studio plus qu’un vrai groupe.
L’EP aligne quatre titres — Soldier of Love, I Feel Fine, Theme From a Summer Place et Out of Limits — tous des reprises exécutées avec un sérieux approximatif et un plaisir manifeste. C’est d’ailleurs cette reprise du classique surf Out of Limits qui m’a attiré vers ce disque, curieux de voir comment un tel morceau, symbole d’une époque et d’un son si précis, pouvait être réinterprété par un groupe au nom aussi facétieux. Le résultat, à la fois maladroit et sincère, trahit un véritable amour pour la musique instrumentale des sixties, même sous le vernis de la parodie.
Selon les quelques blogs et bases de données qui en gardent la trace, le disque est un ovni, à la frontière de la blague musicale et du pastiche pop. Le blog Shotgun Solution note même : « I’m guessing this record wasn’t meant to be taken very seriously. »
Derrière cette plaisanterie se cachent pourtant quatre musiciens plutôt chevronnés : Andy Paley, Chuck Chaplin, Eric Rosenfeld et Jim Freeman. Andy Paley, surtout, n’était pas n’importe qui. Avec son frère Jonathan, il avait fondé The Paley Brothers, formation de power pop élégante signée chez Sire Records, avant de devenir producteur et compositeur reconnu. On lui doit des collaborations avec Brian Wilson, Jerry Lee Lewis ou encore NRBQ, ainsi que de nombreuses musiques pour le cinéma et la télévision, de Dick Tracy à SpongeBob SquarePants. Son goût pour la mélodie, l’humour et les projets atypiques trouve ici une sorte de laboratoire miniature.
Eric Rosenfeld, parfois crédité sous le surnom ironique de « Slowhand », est mentionné comme guitariste principal. Il aurait joué dans The Sidewinders, groupe de Boston dans lequel passa un temps Billy Squier. Jim Freeman, à la batterie, semble avoir été un musicien de studio, tandis que Chuck Chaplin, au piano, complète l’ensemble avec une touche plus lounge. Peu d’informations subsistent sur eux, mais leur présence dans un tel enregistrement donne une idée de l’atmosphère : des amis, probablement rassemblés autour d’Andy Paley, enregistrant un disque pour rire, avec une vraie compétence musicale mais sans autre ambition que celle de s’amuser.
Washing The Defectives ("Laver les défectueux") n’a pas eu de suite, ni même de véritable distribution : un tirage modeste, quelques exemplaires qui circulent encore entre collectionneurs, et des mentions perdues sur des sites de disques rares. Pourtant, cet objet mérite qu’on s’y arrête. Il capture un moment très précis de la fin des années 70 — celui où la pop intelligente, la new wave naissante et le second degré cohabitaient joyeusement.
Quarante ans plus tard, ce petit vinyle reste une curiosité attachante : un canular de musiciens brillants, une blague pleine d’amour pour la pop, et une preuve que même les projets les plus légers peuvent laisser une trace durable dans les marges de l’histoire musicale.
P'tit Cœur Noir
Voici la face B du single de Moko sorti en 1981. Une face B que je trouve, personnellement, bien meilleure que la face A.
Motion Picture Queen
Voici l'autre face du 2e single des Sun Rock soit "Motion Picture Queen" une chanson "new-wave" qui lorgne également vers de la pop à la Moon Martin.
Moko dans New-Wave n°23 (Décembre 1983)
Cet article "spécial Nice" commence par parler des Jumpin' Cadors, des habitués de ces colonnes, puis détaille un prestation des Mokos !
Moko
Au tout début des années 80, un petit groupe de rock venu de Nice a discrètement laissé son empreinte sur la scène française avec un unique 45 tours intitulé Rock Star. Nous sommes en 1981, et le disque paraît sur le label AAAA Records, un nom qui respire déjà la débrouille et la micro-production. Moko, c’est le nom du groupe, et comme beaucoup d’autres formations régionales de cette époque, il ne laissera que peu de traces derrière lui — un seul single, une pochette dessinée en noir et blanc par Gilles Lautussier, et une poignée de souvenirs que le temps a presque effacés.
Le morceau Rock Star est typique du rock français de transition, entre l’énergie punk des années 70 et la vague new wave à venir. Il y a dans ce titre quelque chose de brut et d’instinctif, une urgence propre aux groupes qui enregistrent avec peu de moyens mais beaucoup de foi. Rien d’aseptisé, tout est dans le nerf, dans la voix un peu tendue et les guitares à vif. Ce genre de disque qu’on imagine enregistré en deux prises, dans un petit studio du Sud, sans autre ambition que de capter un moment.
Mais Moko n’était pas qu’un groupe de bar ou de garage local. D’après les recherches menées par le label Caméléon Records pour la compilation Thesaurus Vol.3 (consacrée au rock et punk en France 1979-1981), les Niçois ont eu leur heure de visibilité : un passage par le Gibus à Paris, et même une apparition au Festival Jazz à Créteil en 1981, aux côtés de Barney Wilen, retransmise sur France Inter. Une trajectoire étonnante, presque incongrue pour un groupe aussi confidentiel, qui prouve que la frontière entre la scène rock indépendante et les circuits plus établis était parfois poreuse à cette époque.
Leur unique 45 tours, Rock Star, a refait surface grâce à la série Thesaurus de Caméléon Records et au travail d’exhumation mené par 45vinylvidivici.net. Sans cette réédition, Moko serait sans doute resté un nom pour collectionneur, perdu dans une discographie aussi foisonnante qu’invisible. Aujourd’hui, le morceau est de nouveau écoutable, et c’est une petite fenêtre ouverte sur ce que pouvait être la scène niçoise en 1981 : des musiciens passionnés, une approche directe, un rock franc et sans apprêt.
De Moko, on ne sait pas grand-chose de plus. Pas d’autres disques, pas de carrière à suivre, pas de membres identifiés. Juste ce single et une énergie qui, quatre décennies plus tard, continue de transpirer du sillon. Dans ce genre de rareté, il y a toujours un charme particulier : celui d’un instantané de jeunesse, d’une envie de jouer plus forte que le reste, et d’un groupe qui, sans le savoir, a participé à écrire un minuscule fragment de l’histoire du rock français.
Et une fois de plus, nous croisons la trajectoire de Caméléon Records du camarade Claude Picard — et ce n’est sans doute pas un hasard.
La face B de Madame Bovary
Voici "I'm Runner" la face B du premier single des Madame Bovary toulousains.





















